Il y a trois semaines vous vous êtes levé bien décidé à changer un comportement que vous jugez négatif pour vous.Vous mettez par écrit votre liste et tout en haut vous avez : arrêter de manger avec excès et arrêter de fumer. Vous avez entendu parler des superbes résultats de l’hypnose et vous vous dites que c’est parfait car vous avez bien besoin d’un coup de pouce! Le rendez-vous est pris, la première séance se passe , puis la deuxième. Et là , non seulement vous n’avez même pas diminué la cigarette mais vous vous vengez sur la nourriture pour atténuer la déception! Alors quoi , l’hypnose ne marche pas sur vous ou c’est juste de l’arnaque ?
Alors il y a plusieurs réponses possibles .
1:Il se peut que vous soyez naturellement résistant à l’hypnose mais je vous rassure: l’hypnose est un état que tout ne monde peut expérimenter. Il y a suffisamment de techniques pour trouver celle qui vous convient.
2:Il y a le thérapeute qui va vous hypnotiser, vous mettre une suggestion en place et basta. Il pense avoir fini son travail, qu’en deux ou trois séances vous allez retrouver votre vie de non fumeur. Erreur de calcul qui vous fait perdre du temps et de l’argent!
3:Il se peux que vous ayez des attentes excessives sur l’hypnose : il est possible d’ arrêter de fumer en une séance, mais ce n’est pas garanti !
4:Il y a les patients qui arrivent défaitistes. Du genre : » J’y vais mais bon, j’y crois moyen. »
5:Il y a les patients qui ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent réellement et les praticiens qui ne comprennent pas vraiment ce que veulent les patients !
Je reviens rapidement sur les points 1,3 et 4 . Je parlerai plus longuement des points 2 et 5 .
Comme je disais , tout le monde peut se faire hypnotiser car l'état de transe, c’est un état que nous avons tous déjà vécu de manière inconsciente, que ce soit quand on est pris dans un film ou que l’on conduit sans avoir vraiment conscience de la route. La seule raison qui peut vous empêcher de rentrer en hypnose serait votre refus, que vous ne soyez pas vraiment disposé à vous laisser plonger dans cet état.
Les attentes excessives comme les attentes négatives peuvent être un frein. Evidemment que si vous venez en consultation sur vos gardes , ou sceptiques , ou défaitiste , il y a de fortes chances pour que ça ralentisse les progrès. Dans le même esprit , si vous partez du postulat qu’après une séance tous vos problèmes seront finis , vous risquez d’être déçu et cela peut engranger un comportement négatif . C’est au praticien de vous expliquer lors de la première séance ce à quoi vous pouvez vous attendre ou non et répondre à vos interrogations.
Le deuxième point et le troisième point sont étroitement liés. Car évidemment , si le praticien n’a pas réellement compris la VRAIE demande du patient , il ne la traitera pas de manière adéquate. Il peut y avoir plusieurs raisons pour ne pas avoir compris la vraie demande du patient . La première étant que le praticien n’a pas posé les bonnes questions ou n’a pas assez creusé les réponses. Il se peut que le patient n’ait pas vraiment conscience du véritable problème , ou même qu’il mente , soit par honte , soit par défi .
Revenons à notre exemple de départ : le patient consulte car il veut cesser de fumer . Le praticien pourrait par exemple lui demander :
_ Très bien. Pour quelle raison vous voulez arrêter ?
_Ben, parce que c’est mauvais pour la santé ! ( Il est con ou quoi ce thérapeute ?)
_C’est certain que pour la santé il vaut mieux oublier la cigarette. Et l’ aspect financier ?
_Oui il y a ça aussi .
_Très bien donc vous voulez arrêter de fumer , avant tout pour votre santé … Y a t-il autre chose que vous pourriez arrêter pour améliorer votre santé ?
_ Hum, disons que j’ ai tendance à beaucoup grignoter.
_Vous désirez consulter aussi pour ça ?
_Ha non , on peut bien se garder quelques plaisirs quand même! ( Dis plutôt que tu veux mon argent !)
_ Donc si j’ ai bien compris , fumer fait partie de vos petits plaisirs ?
_ Oui , on peut dire ça .
_Si c’est un plaisir , vous êtes sûr de vouloir arrêter ?
_Oui bien sûr !
_Pourquoi le tabac plutôt que la nourriture ?
_C’est plus cher.
_ Très bien , merci d’ avoir répondu à mes questions.
Bien sûr c’est juste un exemple.
Qu’est-ce qui ressort de ce questionnaire ? Le patient dit vouloir arrêter de fumer mais il l’associe à un plaisir . Ancien fumeur je peux vous assurer que je n’y prenais pas de plaisir… Au mieux, un soulagement de ne plus être en manque . De plus le patient qui avance la santé comme raison première ne veut pas traiter son addiction alimentaire qui le met également en danger. Il n’a pas répondu « on verra plus tard » , il a répondu non. La raison semble plutôt financière. Il n’y a pas de raison meilleure qu’une autre. On peut toutefois se demander dans l’hypothèse où le patient aurait une augmentation de revenus conséquente, voudrait-il toujours arrêter de fumer. Et veut-il ne plus fumer du tout ou seulement diminuer de manière à ce que ça soit financièrement plus acceptable? Après tout puisque c’est un plaisir à ses yeux , il ne veut peut-être pas vraiment se priver de ce plaisir. On pourrait pousser le questionnement plus loin et voir si le patient a d’autres comportements destructeurs comme la boisson ou une conduite dangereuse ou des drogues . Dans ce cas-là on serait face à une personne qui aime vivre dangereusement. Pas forcément de manière consciente , certes , mais on ne traite plus du tout la même chose qu’un simple arrêt du tabac. Sans aller dans ces cas extrêmes , bien des gens se disent que le tabac c’est convivial , que ce n’est pas une ou deux cigarettes en soirée qui va les tuer , ou que fumer des ligth c’est moins grave.
Il est indispensable de bien cerner les motivations du patient , les freins éventuels, de valider s’il est réellement prêt à changer, et surtout si la demande initiale est la première chose à traiter. Dans tous les cas , le rôle du praticien est d’expliquer clairement ce qu’il compte faire afin d’obtenir la totale collaboration du patient. Si tout ces points ne sont pas pris en compte , il sera difficile d’ obtenir un résultat satisfaisant. Il imcombe également au thérapeute de rediriger le patient vers un psychologue , médecin ou tout autre soignant s’il s’avère que le cas dépasse nos compétences.
En conclusion , consulter un praticien en hypnose ce n’est pas comme aller chez le psy , mais vous devrez tout de même être honnête avec le praticien et avec vous-même ! Ce n’est pas de la magie et pour vous aider efficacement , nous avons besoin de votre coopération.